Principes positifs et normatifs

- Pourquoi devrais-je m'en soucier?

C'est souvent le rôle de l'économiste de jouer aux troubles-fêtes. On voudrait bien que le monde soit plus facile à vivre, mais ce n'est pas toujours possible. Puisqu'il comprend les lois fondamentales de l'économie, il prend souvent le rôle de « l'empêcheur de tourner en rond ».

S'il est honnête, il jouera ce rôle autant avec les politiciens de gauche, que ceux de droite. Ces derniers ont un point en commun, ils s'intéressent à ce que l'économie devrait être, selon leurs préférences philosophiques, ou leurs intérêts. Or, un bon économiste fait la différence entre comment le monde fonctionne, et comment il devrait fonctionner.

- Ce chapitre comporte 34 parties

• Définitions
• Principes positifs
• Principes normatifs
• Critique de l'économie positive

- Que sont les Principes positifs et normatifs?

Les économistes ont une idée du fonctionnement du monde. D'après l'ensemble des recherches menées au cours du siècle dernier, et même plus, voici quelques-uns des grands principes qui – je crois – guident l'économie. Par exemple, vous ne pouvez pas vous rendre chez un concessionnaire automobile et proposer de payer 1000 $ pour une automobile toute neuve. Peut-être pensez-vous que le monde DEVRAIT être comme ça. Certes. Mais ce n'est pas ainsi.

Le fonctionnement du monde est implacable. Vous ne pouvez pas changer COMMENT le monde fonctionne. Si vous crachez en l'air, la gravité fera tomber votre crachat sur votre visage.

MaisIl nousest pouvonsintéressant changerde certainsnoter que ces notions sont au coeur de la pensée économique depuis des résultatssiècles. Un des premiers à avoir écrit sur le sujet est Karl Marx, pour quoi les lois du système.marché Ilétaient existeimmuables, uneet interactiondonc entredevaient être abolies. Plus tard, les principeséconomistes quibritanniques nouss'y aidentintéressent, notamment John Neville Keynes, professeur de logique et père de JM Keynes. C'est tout à comprendrefait lenormal, fonctionnementdit deKeynes, puisque l'économie etaffecte les principesgens quidans guidentleur nosquotidien. politiquesSi une politique a pour obtenireffet desde résultatsnous quienrichir, DEVRAIENTou êtrede atteints.nous appauvrir, c'est normal que les gens s'y intéressent!

• Définitions

Le cours défendra la thèse de certains de ces principes avec des modèles. Si vous étudiez l'économie en profondeur, vous étudierez également le travail empirique derrière ces principes. Vous vous rendrez également compte que les écoles d'économie divergentes ne s'entendent pas sur la même « liste restreinte » de principes.

Principes positifs : Expliquer le fonctionnement de l'économie.

Principes normatifs : Expliquer ce que l'économie devrait faire.

Les modèles économiques sont conçus pour guider nos choix politiques, tout en respectant les principes positifs du fonctionnement de l'économie. Leurs conclusions finales, ou prédictions, sont donc ce que nous appelons des principes positifs.

Les prédictions d'un modèle sont utilisées pour orienter les politiques. Doit-on augmenter le salaire minimum ? Devrions-nous faciliter la formation de syndicats ? Faut-il augmenter les échanges avec l'Europe ?

Les politiques choisies par nos gouvernements ont des conséquences sociales et politiques, ce n'est donc pas un débat théorique. Comment la société DEVRAIT-elle être organisée est une question très sociale ; elle est politique, morale, culturelle, voire spirituelle.

Notez que les modèles sont généralement construits avec des hypothèses. Ces hypothèses peuvent déterminer le résultat. De nombreuses hypothèses peuvent sans doute être de nature normative et fausser ainsi le processus de modélisation pour produire des conclusions conformes aux opinions politiques de l'analyste. Dans ce cas, un principe d'apparence positive peut en fait être une idéologie normative déguisée en habits scientifiques. Du coup, l'exercice de modélisation n'est pas toujours scientifique, il est biaisé en faveur d'un résultat.

• Principes positifs

1. Les économies sont des écosystèmes d'acteurs interdépendants
2. Si on produit trop, la valeur diminue
   • La surproduction fait chuter les prix
   • La surproduction de monnaie mène à l'inflation
3. Les marchés libres s'autorégulent
   • Les prix sont une boucle de rétroaction d'information
4. Les incitatifs ont une influence
   
5. Les villes organisent la production
6. Les emplacements sont déterminés par les coûts de transport
7. Le commerce peut agir comme une boucle de rétroaction des connaissances
8. Il n'y a pas de « condition suffisante » pour la croissance économique
9. Les « conditions nécessaires » à la croissance sont : les ressources, les règles de propriété, les marchés fonctionnels, le  commerce, la technologie et la concurrence.
10. L'anarchie ne mène pas aux marchés libres

• Principes normatifs

1. Les ressources ne doivent pas rester inactives
   • Tout le monde devrait avoir un emploi s'il le souhaite
2. La richesse doit être distribuée équitablement, mais pas également
3. Les investissements doivent être productifs
4. La destruction créative est une bonne chose
5. L'inflation devrait être faible car elle rend la plupart d'entre nous pauvres
6. Les produits vraiment importants doivent être abordables
7. Les gouvernements devraient réglementer les entreprises qui vont trop loin
8. Les impôts doivent être modérés et équitables
9. La guerre doit être évitée car elle est inutile et nuit à l'économie

Tout au long du cours, chaque modèle présenté sera accompagné de la liste des principes positifs et normatifs qui lui sont associés.

• Critique de l'économie positive

Dans les faits, tous les modèles sont construits avec des énoncés positifs, ainsi que normatifs. Or, il y a eu une tendance en économique de désigner une méthode économique comme étant surtout positive, alors de d'autres approches sont surtout normatives. C'était en grande partie l’œuvre de l'économiste Milton Friedman, le père du monétarisme et économiste de droite, qui nomma cette méthode 'Positive Economics' pour la démarquer des autres approches.

Or selon certains économistes, comme John Komlos, il s'agirait d'une fausse dichotomie, puisque la plupart des modèles néo-classiques, ou monétaristes, sont fondés sur des suppositions importantes, comme la rationalité des agents, ou l'insatiable demande des consommateurs, qui sont des postulats normatifs liés aux cultures, et aux philosophies des peuples qui rédigent ces théories.

Bien que certaines lois fondamentales ne peuvent pas être contestées, il est possible de concevoir des politiques pour arriver à certaines fins. Il existe donc une interaction entre les principes qui nous aident à comprendre le fonctionnement de l'économie et les principes qui guident nos politiques pour obtenir des résultats qui DEVRAIENT être atteints. C'est de la compréhension des lois économiques positives, et de l'adoption de principes normatifs justes, que survient l'art de l'économie, selon Keynes. Il s'agit tout simplement d'une sagesse dans l'élaboration de politiques économiques, ce qu'on appelle aussi l'économie appliquée.

Politique verte

Une grande partie de l'économie verte est basée sur la compréhension des principes économiques positifs pour permettre des résultats qui correspondent à une vision normative verte.

Par exemple, au lieu d'interdire la pêche au thon sauvage, l'économiste écologique proposerait qu'une taxe soit imposée aux consommateurs qui achètent du thon sauvage dans les supermarchés. Nous savons que si le prix que les gens paient est plus élevé, le volume des ventes diminuera. Les taxes vertes, par exemple, adoptent les principes positifs de l'économie de marché libre. Cependant, le but ici n'est pas de laisser les marchés décider de la quantité de thon produite, mais d'utiliser le mécanisme du marché pour réduire les ventes, ce qui est une position normative.

Solutions au changement climatique

Dans de nombreux pays, les gouvernements accordent une réduction d'impôt sur les automobiles à zéro émission, telles que les voitures électriques rechargeables. Cette politique utilise les écotaxes à l'envers ! Les consommateurs sont encouragés ou incités à acheter la voiture zéro émission plutôt qu'une voiture à essence ordinaire.

Un gouvernement peut même subventionner la transaction, en transférant de l'argent directement à ceux qui effectuent l'achat souhaité.

Booster de démocratie

L'un des plus grands obstacles au changement social est la conviction que les choses ne peuvent pas être autrement. "C'est comme ça que le monde fonctionne, mon cher !"

Lorsque les gens croient aux principes positifs de la vie, ils finissent par être fermés à la possibilité que ces opinions soient fausses. En tant que personne curieuse, vous devez garder l'esprit ouvert aux possibilités !

 

Croire que vos opinions sont les meilleures et les seules acceptables ne contribuera pas à améliorer notre société. Et cela vaut aussi pour les Verts ! Il est possible que les idées vertes se trompent ou manquent la cible. Gardons l'esprit ouvert.

- Références

Friedman, M. (1966). "The Methodology of Positive Economics" In Essays In Positive Economics. Chicago: Univ. of Chicago Press. https://www.wiwiss.fu-berlin.de/fachbereich/bwl/pruefungs-steuerlehre/loeffler/Lehre/bachelor/investition/Friedman_the_methology_of_positive_economics.pdf 

Keynes, J. N. (1890). The Scope and Method of Political Economy. University of Cambridge. Reprinted by Batoche Books, Kitchener, On. 1999. https://historyofeconomicthought.mcmaster.ca/keynesjn/Scope.pdf 

Komlos, J. (2023). Foundations of real-world economics: What every economics student needs to know (Third edition). Routledge. Chapter 5.9 - The Distinction Between Positive and Normative Economics is a False Dichotomy. p. 94.