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Le Canada dans l'économie mondiale

- Pourquoi devrais-je m'en soucier?

Le monde que vous connaissez est globalisé. Ce n'était pas tout à fait ça avant. Ce qui se passe en Asie vous affecte plus que jamais. Par exemple, une grève dans une manufacture chinoise en août peut affecter l'approvisionnement en jouets à Montréal en décembre. C'est difficile à expliquer à un enfant de 5 ans la vieille de Noël.

- Cette leçon comporte 5 parties

  • Mondialisation et libre-échange
  • Protectionnisme
  • Gouvernance du commerce mondial
  • L'économie ouverte
  • L'économie québécoise

- Qu'en est-il du Canada dans l'économie mondiale?

On entend aux nouvelles que le monde est entré dans une phase de « démondialisation ». C'est le retour des frontières nationales. La Grande-Bretagne s'est retirée de l'Union européenne, les États-Unis imposent d'onéreux tarifs douaniers sur la Chine, les pays d'Afrique tentent de mieux contrôler leur commerce international... Que se passe-t-il dans le monde ? L'avènement de pandémies, la réémergence d'un scénario de guerre avec la Russie et les interrogations sur les allégeances de l'Inde et de la Chine font peser des menaces majeures sur le commerce international tel qu'il se développe depuis les années 1990.

Pour parler de « démondialisation », il faut d'abord définir et comprendre le phénomène de mondialisation.

La mondialisation des échanges n'est pas un phénomène nouveau, en fait. Tous les empires sont fondés sur le commerce international. Pour le Canada, le commerce nous apporte des biens que nous ne pouvons pas produire ici comme des grains de café que nous ne pouvons pas cultiver. En retour, nous produisons des biens, comme le pétrole, dont plusieurs pays ont soif.

Ceci dit, nous importons aussi des objets que nous pourrions fabriquer au pays. Nos choix en matière de commerce international ont donc un impact sur le marché du travail et notre prospérité. Il faut savoir que le commerce est aussi un moyen d'échanger des idées, puisque le savoir technique et culturel est lié aux importations. Lorsque vous importez un bien, vous voyez ce que d'autres ont fabriqué, vous voyez leurs solutions, leur innovation. Et cela incite également les gens à fabriquer des biens. Le commerce a donc de nombreuses ramifications.

  • Mondialisation et libre-échange

Au cours des dernières décennies, nous avons assisté à des changements politiques et technologiques qui ont encouragé la mondialisation, c'est-à-dire le libre-échange entre les pays du monde. Après la Seconde Guerre mondiale, les politiciens européens pensaient que le libre-échange réduirait le risque de guerre. Ils ont ainsi réduit les barrières commerciales, telles que les quotas et les tarifs.

Du coup, les nouvelles technologies ont modifié les coûts de transport dans l'ensemble du système économique, y compris l'expédition maritime, ferroviaire, routière, et aérienne. On a aussi mis au point des systèmes de transmission de données, de messageries, et de transferts de capitaux, ce qui a permis une révolution de se produire dans le commerce international, permettant de signer des contrats et des flux de capitaux au delà les frontières nationales comme jamais auparavant.

Le libre-échange est une politique d'élimination des obstacles au commerce. Depuis les années 1980, la plupart des pays du monde se sont engagés dans une politique de libre-échange, soit par des ententes bilatérales entre pays, ou par des ententes multi-latérales au niveau mondial. Du coup, le Canada est membre d'un bloc régional de libre-échange avec les États-Unis et le Mexique. Les pays d'Europe ont crée une zone de libre-échange au sein de l'Union européenne. Une zone de libre-échange existe en Amérique du Sud du nom du Mercosur.

Pour analyser le commerce, les économistes classent les produits en deux catégories. Premièrement, les biens et services échangeables sont ceux qui peuvent être transportés et vendus à l'étranger. Au Canada, on parle de biens comme des lingots d'aluminium, de barres de fer et d'acier, de voitures, d'avions, de pétrole, de grains, de maisons mobiles, et de sirop d'érable. On inclut aussi certains services comme les expertises de génie, les conseils juridiques, et la programmation informatique.

Deuxièmement, les biens et services non-échangeables sont ceux qui ne peuvent pas être transportés et vendus à l'étranger. Au Canada, ce secteur inclut les biens comme les infrastructures, les maisons, et les fenêtres, mais aussi les services comme les métiers de la construction, les spectacles, les soins de santé, l'éducation, et la justice.

Une question qui taraude les économistes est celle du choix de politique industrielle. En général, on arrive à exporter un bien parce qu'il s'agit d'une ressource abondante, ou encore que l'industrie s'est développée sur le plan domestique, et qu'une production supplémentaire peut être écoulée à l'étranger. Pour les grands pays comme la Chine, l'Inde et les États-Unis, le marché intérieur est énorme, ce qui permet de développer une industrie nationale forte et concurrentielle, puisqu'elle peut compter sur des économies d'échelle importantes. Du coup, ces entreprises peuvent vendre à bas prix puisqu'elles produisent à très grande échelle.

Pour les pays plus petits, il peut être nécessaire de faire des choix plus difficiles. Par exemple, au Québec, le marché intérieur ne serait pas suffisant pour faire vivre une industrie de fabrication automobile ET une industrie de construction d'avions. Le Québec doit donc faire son choix. Il a choisi de construire des avions, et de laisser au Canada, aux États-Unis, et au reste du monde le contrôle de l'industrie automobile.

Pour faire ce choix, les économistes proposent aux gouvernements de prioriser les industries qui répondent à certains critères stratégiques, selon leurs catégorie d'avantage. On compte trois catégories: l'avantage absolu, l'avantage nul, et l'avantage comparatif.

Avantage absolu:
Des produits pour lesquels les coûts de production sont les plus bas au monde. C'est généralement parce que le pays détient une abondance de ressources, tels que les minéraux (pétrole, or) ou la main-d'œuvre. Cela inclut également les biens culturels qui ne peuvent pas être fabriqués à l'étranger, comme la littérature et la musique traditionnelle.

Avantage nul:
Des produits pour lesquels d'autres pays produisent à des coûts bien inférieurs. C'est généralement parce que le produit est impossible à produire ici, comme le café, ou parce que le partenaire détient une abondance de ressources (ex : main-d'œuvre bon marché en Chine).

Avantage comparatif :
Des produits pour lesquels les coûts peuvent être plus ou moins égaux à ceux d'autres pays. Il s'agit d'une zone grise. Cependant, pour disposer d'un avantage comparatif, le pays dispose généralement d'une expertise, ou d'une échelle de production, qui lui confère un certain avantage sur ses partenaires. Cette catégorie couvre toutes sortes de produits fabriqués et de services (Ex : Avions privés).

Les économistes s'accordent pour dire que nous devrions exporter les produits pour lesquels nous avons un avantage absolu, si nous produisons plus que nos besoins.

Les économistes conviennent également que nous ne devrions pas insister pour produire des choses pour lesquelles nous n'avons aucun avantage. Si nos coûts sont beaucoup plus élevés que dans un pays étranger, laissez tomber. Les vêtements et les jouets ne sont plus produits au Canada, mais dans les pays asiatiques, pour cette raison.

Deux exceptions : les biens militaires tels que les chars d’assaut et les munitions ne seront pas importés de pays étrangers pour des raisons de défense nationale. Aussi, chaque pays produira autant d'agriculture que possible, pour des raisons de sécurité alimentaire. Les industries militaires et alimentaires sont ainsi exclues de presque tous les accords commerciaux.

La plupart des économistes conviennent également que le commerce accroît la concurrence entre les pays et améliore ainsi à la fois la quantité et la qualité des biens. Il peut cependant y avoir des difficultés importantes lorsqu'une économie s'ouvre au commerce. On voit souvent la fermeture d'usines désuètes ou incapables de concurrencer les importations à bas prix. Du coup, on se retrouve généralement avec un problème de chômage structurel.

Ce fut le cas au Canada dans les années 1993-1998, à la suite de la signature du traité de libre-échange avec les États-Unis, qui fut ensuite étendu au Mexique. Le Canada savait qu'il perdrait certaines productions non-compétitives, mais il ne s'attendait pas à autant de chômage. En fait, le

Débat: Spécialisation ou Diversification?

Certains économistes soutiennent que nous devrions nous spécialiser dans les biens même si nous n'avons qu'un avantage comparatif. Notre coût d'opportunité est plus élevé si nous nous diversifions. C'est la théorie de l'avantage comparatif de Ricardo qui repose sur la comparaison des coûts d'opportunité.

D'autres économistes soutiennent que la sur-spécialisation d'une économie vers une industrie dédiée à l'exportation rend le système vulnérable aux variations de la demande étrangère. De plus, la diversité locale de la production est plus que compatible avec le libre-échange, et cela génère des taux de croissance économique plus élevés. La preuve en est que les économies les plus riches ont tendance à être à la fois très ouvertes et très diversifiées. Plus les économies s'ouvrent au commerce, et plus elles se diversifient.

L'économiste canadien Dan Ciuriak connaît bien ce débat. Il a été haut-fonctionnaire au ministère fédéral des affaires étrangères et du commerce international. Il est chercheur au CD Howe Institute et au Centre pour l'innovation dans la gouvernance internationale. Selon M. Ciuriak, « la diversification devrait être considérée comme un principe de base guidant la politique de développement économique, parallèlement -- et sans doute en priorité -- au concept traditionnel d'avantage comparatif ».

Dans un pays fortement spécialisé dans la production de ressources naturelles, comme le Canada, ce conseil ne reçoit peut-être pas toute l'attention qu'il mérite.


  • Protectionnisme

De plus en plus, certains pays veulent protéger leurs producteurs locaux des importations bon marché. Il y a quelques façons de le faire. La politique contraire au libre-échange s'appelle le protectionnisme, une politique d'érection d'obstacles au commerce.

Le Canada a longtemps été un pays protectionniste, de peur d'être avalé par son voisin imposant, les États-Unis.

On compte quatre outils pour instaurer le protectionnisme. 

1- les quotas d'importation:
une somme fixe de biens qui peuvent entrer dans le pays au cours d'une année. Lorsque le quota est atteint, les importations sont bloquées jusqu'à l'année suivante.

2- les tarifs d'importation:
une taxe sur les importations qui devra être refilée au consommateur national. La taxe peut être forfaitaire, un montant fixe, ou en pourcentage.

3- les réglementations:
un pays peut bannir l'importation du produit pour des raisons de sécurité nationale, de santé, ou d'environnement. Les produits chimiques sont fortement réglementés. Par ailleurs, les États se réservent le droit d'interdire à un pays ennemi de lui fournir des armes ou autres fournitures militaires. La réglementation peut aussi servir de protection contre les prises de contrôle par des intérêts étrangers. Au Canada, il est interdit pour une société étrangère d'acheter une entreprise des secteurs financiers, des télécommunications et de l'aviation.

4- les subventions aux producteurs locaux: l'État peut utiliser ses fonds pour subventionner ses producteurs locaux. Le Canada le fait dans l'industrie laitière et l'industrie pétrolière, entre autres.

Certains économistes ont noté que la plupart de nos accords de « libre-échange » comportent tellement d'exceptions, en particulier dans les domaines de l'approvisionnement militaire, de l'agriculture et de la culture, que le commerce n'est pas réellement « libre ». Cependant, ces accords tendent à réduire le protectionnisme.

Le protectionnisme est généralement mal vu par les économistes pour plusieurs raisons. Il oblige les citoyens à acheter des produits plus dispendieux, de moins grande qualité, et en moins grande variété. Ensuite, il engendre souvent une riposte de la part de nos partenaires, ce qui limite les exportations du pays. Finalement, le protectionnisme peut finir par encourager des comportements belliqueux. Pour prévenir la guerre, vaut mieux intégrer les chaînes d'approvisionnement des différents pays, de sorte qu'ils soient inter-dépendants.

  • Gouvernance du commerce mondial

La mondialisation a été critiquée parce que l'ouverture du commerce avec les pays pauvres peut nuire à certaines de nos industries ici en Occident. En outre, les droits de l'homme et les droits du travail ne sont pas reconnus dans de nombreux pays pauvres du monde. Cependant, le commerce peut aider à créer de la richesse dans les pays pauvres. Nos consommateurs semblent également être devenus plus conscients de l'impact social de leurs dépenses. La question demeure, doit-on gouverner le commerce ?

La réponse a été oui. La politique commerciale est définie par chaque pays, généralement par le ministre du Commerce et les fonctionnaires de ce ministère. Au Canada, des provinces comme le Québec peuvent aussi avoir des politiques commerciales, mais elles n'établissent pas de quotas ni de tarifs d'importation, qui sont une responsabilité fédérale. Les provinces peuvent influer sur le commerce en utilisant des règlements sur l'environnement et la sécurité, ou en encourageant les exportateurs par le biais de missions commerciales diplomatiques à l'étranger.

La tendance politique des dernières décennies a été de réduire les barrières commerciales. Mais certaines barrières subsistent, et les plus grands pays du monde se sont mis d'accord pour créer un ensemble d'organisations internationales régissant les échanges.

L'Organisation mondiale du commerce (OMC) prépare les négociations de libre-échange et règle les différends commerciaux entre les pays. L'adhésion est volontaire, mais les grands pays sont tous membres, la Chine étant un ajout tardif. Le Canada a perdu bon nombre de ses différends, notamment entre Bombardier et son rival brésilien Embraer (maintenant propriété de Boeing).

Le Fonds monétaire international (FMI) est une agence de recherche sur les politiques économiques censées aider les pays à retrouver une croissance macroéconomique et à rembourser leurs dettes internationales. L'objectif du FMI est de maintenir la stabilité du système monétaire international. Il a été critiqué pour son piètre bilan, son intransigeance et sa préférence pour les mesures d'austérité drastiques.

La Banque mondiale est l'organisation sœur de prêts du FMI. Une grande partie des fonds provient de Wall Street et des banques de la City de Londres, que la Banque mondiale coordonne en tant que syndicat financier. L'objectif de la Banque mondiale est de réduire la pauvreté dans le monde.

L'Organisation des Nations Unies (ONU) n'est pas une institution de gouvernance commerciale en soi, mais son mandat de maintien de la paix mondiale est considéré comme une contribution très utile au commerce mondial.

Stiglitz sur Trump et le protectionnisme

(sous-titres en français disponibles - cliquer sur paramètres - sous-titres - autres langues)

  • L'économie ouverte

Une économie qui commerce beaucoup est considérée comme « ouverte ». Nous mesurons cela par un ratio des exportations au PIB. Le Canada est très ouvert. Près de la moitié, soit 38 %, de notre PIB est exporté. Seuls l'Allemagne, la Norvège et les Pays-Bas sont plus ouverts que nous. Nos principaux partenaires à l'exportation sont les États-Unis d'Amérique, la Chine, l'Europe, le Japon et le Mexique (top 5).

Partenaires commerciaux canadiens à l'exportation

Pays partenaire

Exportations M $ CA

Part

Produit N. 1

Produit N. 2

Produit N. 3

États-Unis

414 750

75,9 %

Pétrole (97 G$)

Voitures

Aluminium

Chine

23 609

4,3 %

Pâte à papier

Grains oléagineux

Voitures

Royaume-Uni

17 695

3,2 %

Or

Métaux non-ferreux

Avions

Japon

11 831

2,2 %

Charbon

Porc

Oléagineux

Mexique

7 853

1,4 %

Grains oléagineux

Acier

Pétrole

Total tous les pays

546 711

100,0 %

Pétrole

Voitures

Or

Tous les chiffres sont pour 2017 (Statistique Canada). Source: https://www.ic.gc.ca/app/scr/tdst/tdo/crtr.html?&productType=NAICS&lang=fra

Comme vous pouvez le voir dans le tableau ci-dessus, les États-Unis dominent le commerce avec le Canada. Leur soif de pétrole est très importante, et nous avons sans doute certaines des plus grandes réserves de pétrole au monde, sous forme de sables bitumineux. Notre commerce avec l'Europe est dominé par l'appétit du Royaume-Uni pour l'or. Le reste du monde achète essentiellement nos autres produits tels que la production agricole (grains oléagineux et porc), les métaux (fer, acier, aluminium et autres) et les avions (CRJ Bombardier et autres modèles).

La richesse des ressources naturelles du Canada implique une faiblesse dans les biens fabriqués localement, comme les automobiles et les camions, les produits pharmaceutiques, les ordinateurs, le matériel de télécommunications, ainsi que les vêtements, les jouets, les machines et les pièces aérospatiales.

Cela affecte nos relations avec nos principaux partenaires d'importation, qui sont les États-Unis, la Chine, le Mexique, l'Allemagne et le Japon. Essentiellement, le Canada a diversifié ses importations d'automobiles, qui étaient auparavant principalement importées des trois grands constructeurs automobiles de Detroit (GM, Ford, Chrysler). Le Canada importe maintenant de nombreuses voitures fabriquées au Mexique (Volkswagen, GM, Ford), en Allemagne (Audi, BMW, Mercedes) et au Japon (Toyota, Honda, Nissan, Mazda).

Parallèlement à d'autres tendances, cela signifie que nos importations américaines ont diminué au fil du temps. Nous exportons 126 milliards de dollars de plus vers les États-Unis que nous n'en importons. En 2017, seulement la moitié (51,3%) de nos importations proviennent des États-Unis. Cela a conduit à un différend commercial avec l'administration du président américain Donald Trump et la renégociation de l'entente de libre-échange.  

Partenaires commerciaux d'importation canadiens

Pays partenaire

Importations M CA$

Part

Produit N. 1

Produit N. 2

Produit N. 3

États-Unis

288 028

51,3%

Voitures

Pétrole

Aérospatial

Chine

70 929

12,6%

Ordinateurs

Éq. de télécom

Téléphones

Mexique

35 492

6,3%

Voitures

Camions

Des ordinateurs

Allemagne

17 940

3,2%

Voitures

Médicaments

Pièces aérospat.

Japon

17 521

3,1%

Voitures

Éoliennes

Or

Total tous les pays

561 114

100,0%

Voitures

Pétrole

Médicaments

Tous les chiffres sont pour 2017 (Statistique Canada). Source: https://www.ic.gc.ca/app/scr/tdst/tdo/crtr.html?&productType=NAICS&lang=fra

Quelle est notre relation avec la Chine?

Avant l'an 2000, la Chine faisait à peine partie des 10 principaux partenaires commerciaux du Canada. La position de la Chine augmente à chaque année. Elle représente maintenant 12,6 % de nos importations. Nous importons toujours des jouets et des poupées de Chine, mais ce commerce s'est étendu aux téléphones portables, aux télécommunications et aux ordinateurs. Du coup, la production électronique du Japon et des États-Unis a été transplantée en Chine.

Non seulement la Chine produit pour Apple et Google, mais sa marque nationale de téléphones portables Huawei est maintenant commercialisée directement en Amérique du Nord. Huawei a même commandité les séries éliminatoires de la LNH à la télévision canadienne. Dans l'ensemble, le Canada est en déficit commercial avec la Chine, mais la production à bas prix que nous recevons de la Chine nous permet de faire des économies importantes.

En marge de notre relation de plus en plus importante avec la Chine, le Canada a entrepris d'accentuer ses liens avec les autres pays du Pacifique. Le Canada a un accord de libre-échange avec la Corée du Sud et le Japon, via L’Accord de Partenariat transpacifique global et progressiste (PTPGP), et négocie un traité de libre-échange avec l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), qui inclut 10 pays dont le Vietnam, l'Indonésie, et les Philippines.

Quelle est notre relation avec l'Europe?

Le Canada est évidemment très proche historiquement, politiquement et culturellement de l'Europe. Nous sommes en libre-échange avec l'Union européenne, et le Royaume-Uni (qui a décrété le Brexit).

La proximité culturelle et économique du Canada avec les anciens pays se manifeste par la fréquence des vols. Air Canada offre plusieurs vols quotidiens sur Londres et Paris, tout comme British Airways et Air France sur Toronto et Montréal. Le Canada est depuis longtemps un importateur de vins français et de whisky écossais, mais ces marchés sont relativement petits.

Historiquement, il convient de souligner que l'industrie aérospatiale est intimement liée à des sociétés britanniques telles que Thales et Rolls Royce, ainsi qu'aux constructeurs d'avions aujourd'hui disparus AV Roe et De Havilland.

Cela dit, les besoins d'aujourd'hui sont très particuliers. Le Royaume-Uni achète massivement de l'or du nord de l'Ontario, pour 12 milliards de dollars en 2017, sur les 17 milliards exportés par le Canada cette année-là. Les autres exportations vers l'Europe sont principalement des produits et pièces aérospatiaux, du minerai de fer, des métaux non ferreux et des produits pharmaceutiques.

En termes d'importations, la plupart d'entre elles arrivent au Canada en provenance d'Allemagne, sous forme de produits pharmaceutiques, de voitures de luxe et de produits et pièces aérospatiaux. Notez que l'Allemagne abrite de grandes sociétés d'ingénierie telles que Bayer, Mercedes et Airbus. Vous ne serez peut-être pas surpris que l'Allemagne ait une longueur d'avance sur le Royaume-Uni et la France en termes de fabrication de haute qualité.

Le Canada est un pays très ouvert, sur le plan du commerce. Plus du tiers (38%) de notre PIB est exporté. Mais est-ce une bonne chose?

Les exportations sont souvent considérées comme un flux positif de monnaie entrant dans le pays. En termes simples, le fait d'avoir des exportations nous permet de nous payer des importations.

Bien que les importations soient parfois considérées comme négatives, puisqu'elles sont soustraites du PIB, elles ont des effet importants sur la productivité du pays. Une économie a besoin d'importations pour se procurer de meilleurs intrants aux meilleurs prix. Les importations apportent donc souvent de meilleures machines et de meilleurs matériaux, ce qui aide l'économie à réduire les coûts de production.

En revanche, l'ouverture accroît la vulnérabilité aux chocs de la demande étrangère. Si les acheteurs étrangers réduisent leurs achats, votre économie est envoyée dans une récession assez rapidement. Le Canada est donc vulnérable aux variations de la demande, surtout venant des États-Unis. Cette vulnérabilité est d'autant plus importante si l'économie est spécialisée, plutôt que diversifiée.

Il peut être encore plus difficile de s'en sortir, puisque votre intervention gouvernementale est moins efficace dans une économie ouverte. Comme nous le verrons plus tard, les politiques économiques sont moins efficace lorsqu'une bonne part de la consommation dépend d'importations. Par exemple, si un gouvernement veut diminuer les impôts pour stimuler les dépenses de consommation, ceci devrait créer des emplois. Mais, si les dépenses concernent des importations telles que l'électronique chinoise ou les voitures allemandes, les emplois créés ne seront pas situés dans notre pays.

  • L'économie québécoise

Comme le Canada, le Québec est une économie active et ouverte. Mais sur le terrain, ce ne sont pas les mêmes produits qui sortent de nos usines. Voici quelques chiffres qui font réfléchir. En 2017, le PIB du Québec était de 328,7 milliards de dollars. Cela représente 19 % du PIB du Canada. En comparaison, le Québec représente 23 % de la population canadienne.

La majeure partie de la production canadienne est située dans les provinces de l'Ontario, du Québec, de l'Alberta et de la Colombie-Britannique. Les six provinces et trois territoires restants ne fournissent que 12,6 % du PIB.

PIB dans les provinces canadiennes, 2017

Province

PIB M $

Part

Ontario 

651 932

37,6%

Québec 

328 688

19,0%

Alberta 

304 709

17,6%

Colombie-Britannique

228 195

13,2%

Reste du Canada

218 812

12,6%

Canada

1 732 335

100,0%

Source : Statistique Canada, tableau CANSIM 36-10-0402-01

Bien que le Québec serait classé 101e au monde pour sa population (8,3 millions), il serait classé 33e pour son économie (PIB 2016 PPA par habitant). À 37 888 $US, le PIB par habitant du Québec est inférieur à celui de plusieurs pays comme le Liechtenstein, les États-Unis, le Japon, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la France. Mais il est toujours supérieur à celui de nombreux pays industrialisés comme l'Espagne, le Portugal, la Grèce et la Russie. Comme la plupart des économies industrielles, le Québec produit surtout des services. Le secteur de la production de biens est très diversifié.

Exploitation minière : Aluminium, cuivre, or, minerai de fer et titane. Aussi de nombreux non-métaux tels que l'argile, la chaux, le ciment et l'amiante.

Forest : producteur important de bois, sciage, papier.

Énergie : producteur important d'hydroélectricité. Parcs éoliens en plein essor, pétrole et gaz. Pas de charbon. Nucléaire fermé.

Transport : Grand constructeur de jets régionaux et de jets privés. Également producteur de trains de chemin de fer et de métro, et de certains chantiers navals.

L'économie du Québec est très ouverte, 51 % de son PIB est exporté. Cela le placerait au troisième rang le plus ouvert au monde derrière les Pays-Bas et la Norvège, et plus haut que le Canada et l'Allemagne. Moins de la moitié des exportations du Québec sont vendues aux autres provinces canadiennes (39 %). (Idem pour les importations)

Marchandises d'exportation : Par ordre d'importance: Avions, moteurs d'avion et pièces d'avion, aluminium, minerai de fer, électricité, turbines, papier de bureau, papier journal, cuivre, circuits imprimés, porc.

Partenaires commerciaux du Québec à l'exportation

Partenaire d'exportation

Exportations M $ CA

Part

Produit N. 1

Produit N. 2

Produit N. 3

États-Unis

60 160

70,5%

Aluminium

Aérospatial

Métaux non-ferreux

Chine

2 856

3,3%

Pâte à papier

Porc

Aérospatial

Mexique

1 755

2,1%

Aluminium

Acier

Aérospatial

France

1 693

2,0%

Minerai de fer

Aérospatial

Éoliennes

Japon

1 363

1,6%

Porc

Minerai de fer

Aérospatial

Tous les pays

85 296

100,0%

Aérospatial

Aluminium

Métaux non-ferreux

Source : http://www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/economie/commerce-exterieur/exp1008.htm

Comme pour le reste du Canada, le principal partenaire commercial du Québec est les États-Unis (70,5 %), qui achètent surtout de l'aluminium, des produits et pièces aérospatiaux et des métaux non ferreux comme le cuivre et le zinc. La Chine augmente chaque année ses achats au Québec, principalement dans la pâte à papier, le porc et l'aérospatiale. Le Mexique, à mesure qu'il développe son industrie automobile, achète plus d'intrants du Québec, comme l'aluminium et l'acier. Ils achètent aussi des avions Bombardier.

Marchandises d'importation : essence, automobiles, avions et pièces détachées, camions et châssis, produits pharmaceutiques, bauxite et minerais d'alumine, vêtements.

Encore une fois , comme pour le reste du Canada, notre principal partenaire d'importation est les États-Unis. Tout comme le Canada, le Québec affiche également un excédent commercial important avec les États-Unis. Nous exportons plus de deux fois aux États-Unis ce que nous importons. Nos principales marchandises importées sont des avions et des pièces aérospatiales d'entreprises telles que Boeing et Lockheed Martin. Nous importons également de nombreux produits pétroliers raffinés et d'importantes quantités de pétrole brut (en 2017).

Les partenaires commerciaux d'importation du Québec

Partenaire d'importation

Importations M $ CA

Part

Produit N. 1

Produit N. 2

Produit N. 3

États-Unis

24 647

31,9%

Aérospatial

Pétrole

Camions lourds

Chine

10 950

14,2%

Vêtements/femmes

Chaussures

Meubles

Allemagne

3 596

4,6%

Médicaments

Pièces aérospatiales

Machines

Royaume-Uni

3 274

4,2%

Aérospatial

Pétrole

Médicaments

France

2 802

3,6%

Aérospatial

Vin

Médicaments

Tous les pays

77 359

100,0%

Aérospatial

Pétrole

Médicaments

La Chine est un nouveau fournisseur de biens pour le Québec, principalement des vêtements, des chaussures et des meubles pour femmes et filles. La Chine fournit maintenant 14 % des importations du Québec, une augmentation considérable au cours des deux dernières décennies.

L'Allemagne arrive en troisième position avec la fourniture de produits pharmaceutiques, de produits aérospatiaux et de pièces (avions Airbus), ainsi que de toutes sortes de machines industrielles et d'électronique. Viennent ensuite le Royaume-Uni et la France, avec un intérêt habituel pour l'industrie typiquement québécoise. Notez que le Québec importe beaucoup de vin français, plus que toute autre province au Canada.

EMPLOIS AU QUÉBEC

Le marché du travail au Québec a toujours été relativement faible, mais cette tendance s'est renversée récemment. Les taux de participation étaient généralement inférieurs aux moyennes de l'Ontario et du Canada. Au Québec, le taux de participation a oscillé entre 60 et 65 % au cours des 30 dernières années, soit 5 points de moins que son voisin ontarien.

Les taux de chômage étaient également généralement élevés, entre 7 et 11 %. Au cours de la dernière décennie, le taux de chômage a chuté régulièrement à 5 %, un creux historique.

Dans le passé, les économistes attribuaient le taux de chômage plus élevé à une main-d'œuvre fortement syndiquée, à de généreux programmes gouvernementaux d'aide sociale et à une faible mobilité géographique des travailleurs québécois hors de la province. La faible croissance économique du Québec était aussi un facteur important.

La bonne nouvelle, c'est qu'au cours des dernières années, le taux de chômage a baissé. Depuis 2010, il est régulièrement inférieur à celui de l'Ontario. Le taux de chômage est maintenant de 4,2 % au Québec, contre 5,5 % en Ontario et 5,1 % au Canada (mai 2022, Statistique Canada). 

- Politique verte

De nos jours, l'une des principales causes de pollution est le transport international, que ce soit par voie maritime, aérienne ou terrestre. La baisse des coûts de transport a permis une augmentation des échanges entre les pays riches de l'Ouest et les pays pauvres du Sud et de l'Est. Les pays en développement savent très bien que ce qu'ils produisent génère de la pollution, soit dans des décharges mal gérées, soit dans les mers. Cependant, ces pays pauvres ont besoin de revenus et d'emplois.

Le commerce va devenir partie intégrante de la solution pour réduire la pollution et améliorer la conservation des espaces naturels sur terre. Il est important que nous réservions une grande partie de nos terres à la conservation, afin de ne pas surexploiter la planète. La valeur de ces terres est supérieure à notre balance des paiements.

- Solutions au changement climatique

De nombreux économistes soutiennent que les accords commerciaux devraient être liés aux négociations internationales sur le changement climatique. À l'heure actuelle, les pays qui tardent à réduire leur production de carbone, dont le Canada, n'ont pas grand-chose à perdre. La plupart des pays qui bloquent les négociations sur le climat sont de grands producteurs de carbone, dont le Canada.

Le commerce pourrait devenir une incitation à réduire les émissions de carbone. Un pays qui refuserait de respecter les exigences d'un accord international serait pénalisé par de larges barrières commerciales, telles que des droits d'importation protectionnistes de la part de ses partenaires commerciaux. Sans un coût important associé au refus des accords, les études montrent que les négociations environnementales sont vouées à l'échec. Par exemple, une étude menée par des économistes de l'Université Concordia (Diamantoudi, Sartzetakis et Strantza, 2018) a mené de nombreux types d'expériences sur la théorie des jeux, et les négociations échouent TOUJOURS lorsque au moins un seul pays est producteur de carbone sans aucun coût compensatoire s'il quitte la table de négociation.

Les économistes se rendent compte aujourd'hui que la seule façon de faire aboutir les négociations GES, c'est de créer un coût d'opportunité supérieur au revenu procuré par la production de carbone. Une façon d'y parvenir est d'associer les négociations sur les GES aux accords commerciaux internationaux. Les pays qui refusent de réduire leur production de carbone verraient leurs exportations bloquées, soit à cause de taxes protectionnistes, soit de quotas. Nous pouvons joindre des accords commerciaux aux négociations sur les GES.

- Booster de démocratie

Les consommateurs réguliers peuvent se sentir dépassés par la tâche à accomplir. Lorsque vous achetez quelque chose, vous n'avez peut-être pas l'impression d'avoir un impact important, en particulier sur quelque chose comme les GES. Il est vraiment important que les consommateurs réguliers imposent l'idée de lier les accords commerciaux à la réglementation carbone, afin que, quel que soit le parti élu, ce dossier aille de l'avant. Il devrait y avoir des défenseurs de la réduction du carbone autour de la table, dans chaque parti politique. Ne laissez pas un seul parti résoudre ce problème, car s'il n'est pas élu, le problème sera négligé.

 - En bref

De meilleurs transports et la peur de la guerre ont poussé les politiciens à s'engager dans le libre-échange. C'est ce que nous appelons la mondialisation.

Les économistes ne s'entendent pas sur la quantité à échanger et sur les produits à échanger, surtout lorsque nos coûts de production sont légèrement supérieurs à ceux de nos partenaires commerciaux. Certains économistes plaident pour la spécialisation industrielle, d'autres pour la diversité.

Le Canada et le Québec sont des économies très ouvertes. C'est un avantage parce que nos exportations rapportent de l'argent au pays. Cependant, nos importations sont également très importantes, ce qui limite l'efficacité de la politique budgétaire.

Dans le monde, le Québec est une économie supérieure à la moyenne, connue pour son hydroélectricité, son aluminium, ses minéraux et ses avions régionaux. Son PIB par habitant est légèrement supérieur à celui de l'Espagne. Le Québec a été associé à des statistiques sous-performantes au cours des dernières décennies, comme un taux de chômage élevé et de faibles taux de participation, mais ses données macroéconomiques sont devenues positives récemment.

- Aide-mémoire

Libre-échange :
une politique d'élimination des obstacles au commerce tels que les quotas d'importation, les tarifs et les différences de réglementation.

Protectionnisme :
Une politique d'augmentation des obstacles au commerce tels que les quotas d'importation, les tarifs et les différences de réglementation.

Économie ouverte :
Économie dont les exportations représentent une part importante du PIB.

- Références et lectures complémentaires

Bournakis, I., Christopoulos, D. & Mallick, S. (2018). “Knowledge Spillovers and Output Per Worker: An Industry‐Level Analysis For OECD Countries.” Economic Inquiry. 56(2).

Ciuriak, D. (2015). Diversification vs. Specialization in Economic Development: A Comment. SSRN.
Diamantoudi, E., Sartzetakis, E., & Strantza, S. (2018). International Environmental Agreements – The Impact of Heterogeneity among Countries on Stability. Working Paper.   https://www.dept.aueb.gr/sites/default/files/Diamantoudi.8.3.2018.pdf

Institut de la statistique du Québec. (2011). Profils régionaux. www.stat.gouv.qc.ca/regions/profils/region_00/region_00.htm
Jacobs, J. (1985). Cities and the Wealth of Nations. Vintage.
Statistics Canada. (2022). Labour force characteristics by province, monthly, seasonally adjusted. Retrieved June 2022, from: https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/en/tv.action?pid=1410028703
Stiglitz, J. (2003). Globalization and its Discontents. New York: WW Norton.